Deux cliques pour une grande clac ?
L’excès nuit en tout, même dans l’amour que nous pourrions porter, les uns ou les autres, au français. Quelle ne fut pas ainsi ma surprise d’ouvrir ce matin un quotidien et d’y voir paraître une bien intrigante annonce m’affirmant qu’en deux cliques, je serais informé du salaire de mon voisin. La belle affaire !
Néanmoins, ce n’est pas tant cette espionnite malsaine qui me fit tiquer, mais plus les termes choisis pour nous inciter à le faire. Prenant exemple sur le copywriter à l’origine de l’infamie, je serais tenté de dire que la clac fut de taille.
En effet, si le bruit – certes énervant lorsqu’on travaille dans un paysager où tout le monde a décidé de relever ses mails en même temps – du bouton droit de la souris a reçu le titre de « Clic » et que cliquer est devenu le néologisme le plus usité sur la planète en ce début de troisième millénaire, on peut s’étonner qu’il ait déjà donné naissance à un nouveau nom : le clique.
Le plus étonnant est que « la » clique existe bel et bien et désigne, entre autres, un groupe d’individus se réunissant pour intriguer. Amusant donc de voir qu’un terme d’un autre temps vient ici à la rescousse du monde moderne. À moins encore que le copywriter, plus perfide que je ne pourrai jamais l’imaginer, ait voulu faire référence à ses intrigants pour parler d’un site Internet qui ne manque pas de l’être.
En effet, le premier qui aurait l’outrecuidance de diffuser mon salaire sur le net recevrait une grande claque ; et je ne parle pas ici du bruit tonitruant qu’une porte peut faire quand elle est violemment fermée.
En d’autres termes, laissons aux clics ce qui appartient à la souris et acceptons de prendre des claques lorsque, pressés par le temps, nous laissons des homophones prendre le pas sur notre rédaction.
Amusant malgré tout de voir que le subterfuge, pour autant qu’il y en ait un, a réussi puisque j’ai été voir le site dont il était fait état dans l’annonce.
